Danielle Darrieux (1917-2017)

Publié le par lefilmdujour

Elle était née la même année que Dean Martin, Robert Mitchum, Bourvil et Joan Fontaine. Danielle Darrieux, qui personnifia la légèreté et l’élégance au cinéma, est décédée le 17 octobre 2017 à l’âge de 100 ans.

Pour sa première apparition sur grand écran, Danielle Darrieux décroche à 14 ans  l’un des rôles principaux de la version française du Bal (1931) de Wilhelm Thiele. Suivront près de trente films tout au long des années 1930 où l'actrice, toujours en haut de l’affiche, détonne par son jeu naturel et spontané.  Ce sont souvent des comédies où parfois elle pousse la chansonnette et donne régulièrement la réplique à Albert Préjean (La crise est finie, Siodmak, 1934 ; Dédé, Guissart 1934 ; L’or dans la rue, Bernhardt, 1934 ; Le contrôleur des wagons-lits, Eichberg, 1934 ; Quelle drôle de gosse, Joannon, 1935…).

En 1935, elle incarne le rôle dramatique de Marie Vetsera  dans Mayerling d’Anatole Litvak face à Charles Boyer (photo ci-contre). Le succès du film lui ouvre les portes de Hollywood mais Danielle Darrieux n’y tourne qu’un seul long métrage (La coqueluche de Paris de Henry Coster avec Douglas Fairbanks Jr.). Elle préfère la France et enchaîne alors plusieurs œuvres marquantes pour son mari, le réalisateur Henri Decoin, épousé au milieu des années 1930 (et dont elle divorcera en 1941) : Mademoiselle ma mère (1937), Abus de confiance (1937), Retour à l’aube (1938), Battement de cœur (1938), Premier rendez-vous (1941)…

Alors qu’elle a relativement peu tourné sous l’Occupation, malgré le chantage des autorités allemandes qui ont un temps emprisonné son deuxième mari, le play-boy et diplomate à l'ambassade de la République dominicaine Porfirio Rubirosa, Danielle Darrieux réapparaît après-guerre en haut de l’affiche dans Ruy Blas (1947) face à Jean Marais (photo ci-dessus), puis dans l’excellent vaudeville Occupe-toi d’Amélie (1949) de Claude Autant-Lara.

Mais c’est grâce à Max Ophüls, dans La ronde (1950) d’abord, Le plaisir (1951) ensuite, et Madame de… (1953) enfin, sans doute le rôle de sa vie (photo ci-contre), que l’actrice accède à la perfection. Les années 1950 sont d'ailleurs très riches pour Danielle Darrieux qui tourne des rôles inoubliables pour Carlo-Rim (La maison Bonnadieu, 1951), Henri Decoin (La vérité sur Bébé Donge, 1951, face à Jean Gabin ; Bonnes à tuer, 1954 ; L’affaire des poisons, 1955), Joseph Mankiewicz (L’affaire Cicéron, 1952, face à James Mason), Claude Autant-Lara (Le bon dieu sans confession, 1953 ; Le rouge et le noir, 1954, face à Gérard Philipe), Marc Allégret (L’amant de lady Chatterley, 1955), Julien Duvivier (Pot-Bouille, 1957, aux côtés de Gérard Philipe encore ; Marie-Octobre, 1958), Gilles Grangier (Le désordre et la nuit, 1958, avec à nouveau Jean Gabin)…

Dans les années 1960, alors qu’elle se consacre au théâtre, la jeune génération ne l’oublie pas. Danielle Darrieux chante à nouveau dans Les demoiselles de Rochefort (1966) de Jacques Demy (photo ci-contre) où elle est la mère de Catherine Deneuve et de Françoise Dorléac. Jacques Demy qu’elle retrouvera bien plus tard pour Une chambre en ville (1982). Le jeune cinéaste Dominique Delouche la sollicite pour 24 heures de la vie d’une femme (1967), d’après l’œuvre de Stefan Zweig, et pour la comédie musicale Divine (1975).

Dans les années 1980 et 1990, moins présente au cinéma, Danielle Darrieux travaille avec Paul Vecchiali (En haut des marches, 1984), André Téchiné (Le lieu du crime, 1986, où elle est à nouveau la mère de Catherine Deneuve, photo ci-contre) et Benoît Jacquot (Corps et biens, 1986) puis participe à l’aventure des Mamies (1992) d’Annick Lanoë auprès de Sophie Desmarets, Paulette Dubost (qui jouait aussi en 1931 dans Le bal…), Odette Laure, Catherine Rouvel, Jackie Sardou et Marthe Villalonga.

Dans les années 2000, l’actrice est encore à l’affiche de films comme Huit femmes (2001) de François Ozon (elle y est la mère de Catherine Deneuve et chante toujours!), L’heure zéro (2006) de Pascal Thomas d’après Agatha Christie, ou Pièce montée (2009) de Denys Granier-Deferre, sa dernière apparition sur grand écran où Danielle Darrieux est un ancien amour du curé interprété par Jean-Pierre Marielle (photo ci-dessus).

Chapeau Madame Darrieux, vous allez nous manquer.

Publié dans Claps de fin

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