Ciné actu par Jean Aymar de Thou : 120 battements par minute
Un film de Robin Campillo (2016), sorti en salles le 23 août 2017
Un film indispensable. On se demande d’ailleurs pourquoi un tel film n’a pas été tourné plus tôt. Mais c’est vrai que le cinéma français, à la différence de son collègue américain, ne se caractérise pas par sa propension à prendre à bras-le-corps les grands sujets contemporains sociétaux et politiques… La grande réussite de 120 battements par minute est d’avoir su restituer l’urgence qui sous-tendait le travail et l’activisme d’Act-Up Paris au tout début des années 1990 alors que les morts du SIDA se comptaient par milliers dans l’indifférence du gouvernement français et que les labos pharmaceutiques travaillaient avec une lenteur d’escargot dans la mise au point de thérapies et de traitements contre le VIH.
Robin Campillo sait alterner avec un grand talent le collectif (avec ces scènes d’assemblées générales électriques qui s’avèrent des bijoux de mise en scène) et l’intime (avec l’histoire d’amour, un peu plus convenue, entre les deux personnages principaux, l’un séropositif, l’autre pas ; et ces morts de militants qui se succèdent inexorablement dans la sphère privée… mais dont la disparition est ensuite hissée au niveau d’un acte politique).
Une page d’histoire qu’il est bon de rappeler et un hommage à ceux qui consacrent leur existence et leur dernier souffle à des luttes indispensables et vitales, et qui arrivent contre toute attente et dans l’adversité à faire avancer les choses.7
Jean Aymar de Thou