Zombie futé n°42 : I Walked with a Zombie / Vaudou
Un film de Jacques Tourneur (1943)
A priori, Zombie futé serait très heureux d’accueillir en son sein I Walked With a Zombie, mais, avouons-le tout de go, ce film, par ailleurs classique du cinéma d’horreur, n’a que très peu à voir avec notre genre, à part son titre. Ne vous attendez pas à croiser des morts vivants mordeurs psychopathes. N’espérez même pas des individus « vaudouïsés » à la mine patibulaire comme dans White Zombie.
Mrs Rand, la femme de Mr Rand, propriétaire d’une vaste plantation de canne à sucre dans l’île San Sebastian dans les Caraïbes, est certes morte mais plutôt en mode légume à tendance somnambule. Bon, elle fait un peu peur à la nurse (délicieuse Frances Dee) dans la première scène, parce qu’éclairée en mode Murnau dans un décor inquiétant. Mais par la suite elle a plutôt l’air d’une pimbêche hypnotisée.
Il y a bien ce grand gaillard nègre, appelé Carrefour (en français dans le texte !) car attendant les gens à un croisement de chemins au-delà duquel il vaut mieux ne pas s’aventurer. Lui est pas mal impressionnant mais il ne ferait pas de mal à une mouche, Carrefour, on le pressent tout de suite.
Vaudou est le titre français du film. Et il est question de cela, c’est certain. Mais il s’agit plus d’une querelle amoureuse entre deux frères pour la même femme, laquelle semble avoir payé cher son vaudeville fratricide. L’amant boit trop depuis le drame. Le mari, lui, rumine trop de pensées sombres. Lequel se fera la nurse ? Est-il possible de tuer une morte vivante ? Carrefour est-il un prénom? Jacques Tourneur était-il vraiment français ?
On se moque, on se moque. Mais ce film est incontestablement envoûtant, garde astucieusement sa part de mystère et bénéficie d’une photo sublime en noir et blanc. Il forme avec son prédécesseur La féline (Cat People) un duo culte et brillant dans l’histoire du film d’horreur.
Allez-y, vous ne regretterez rien.
Fab Free