La piqure de Sal Obscur : Maman très chère

Publié le par lefilmdujour

Un film de Frank Perry (1981), disponible en DVD

Au cinéma, les accidents industriels, ça existe. Réalisé par Frank Perry, un monsieur pas forcément manchot avec sa caméra (Le plongeon, récemment sorti en DVD sous son titre original The Swimmer, avec un Burt Lancaster qui passe de piscine en piscine, n’est pas mauvais), Maman très chère en est un bel exemple.

L’idée de départ déjà n’était pas géniale. Se baser sur le livre écrit par Christine Crawford, la fille adoptive de la star hollywoodienne Joan Crawford déshéritée par sa mère fraîchement disparue (en 1977), ne cadrait pas avec l’objectivité qu’un spectateur est en droit d’attendre d’une biographie filmée. Du coup, l’actrice, qui réussit quand même à tenir 30 ans (plus ou moins) en haut de l’affiche et à décrocher un Oscar (pour Le roman de Mildred Pierce), apparaît ici comme un monstre de narcissisme complètement névrosé, généralement alcoolisé et entièrement voué à peaufiner une image publique irréprochable, quitte à utiliser ses enfants comme des objets de représentation. Le spectateur a bien du mal, alors, à trouver, je ne parle pas d’excuses non, mais de simples explications à un comportement souvent hystérique dont la pauvre gamine fait les frais à toute heure du jour et de la nuit...

Tout, dans le film, est à l’avenant, y compris l’interprétation hors cadre (et assez fascinante du coup) de Faye Dunaway qui fait de Joan Crawford une espèce de créature fantastique comme on peut en voir dans les films d’épouvante avec entité satanique. Le point culminant de Maman très chère se passe d’ailleurs la nuit au moment où Joan Crawford découvre un cintre en fer dans la garde-robe de sa fille (objet qui lui rappelle sa propre enfance très pauvre) ; ladite créature entre alors dans une colère noire avant d’obliger sa progéniture à récurer le sol de la salle de bain. Affublée d’un masque de beauté (laideur ?) blanchâtre et craquelant, éructant et hurlant, Faye Dunaway ne déparerait pas ici dans une scène de L’exorciste.

Cet excès n’est en rien compensé par le reste du casting, Catherine Crawford, qu’elle soit enfant ou ado, étant interprétée de manière horriblement datée par de jeunes actrices apparemment tétanisées par la surenchère permanente qui les entoure.

Ceci dit, le spectacle est tellement irréel qu’il est impossible de quitter l’écran des yeux ; on a un peu l’impression d’assister en temps réel à une catastrophe irrémédiable dont on ne pourrait détourner le regard.

Maman très chère est bien évidemment devenu culte depuis. Mais ça a définitivement flingué la carrière de Faye Dunaway (40 ans à l’époque) qui, depuis plus de 35 ans, est quasiment aux abonnés absents…

Sal Obscur

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