Zombie futé n°27 : Les revenants, saison 2
Une série TV créée par Fabrice Gobert, produite par Canal+
La saison deux s’enfonce dans une violence sourde avec le retour du très inquiétant et anciennement charismatique Milan et le basculement du très ambigu (mais non moins charismatique) Pierre, le directeur de l’association « La Main tendue », dans une hostilité croissante contre les Revenants. Le gore fait son apparition même s’il n’est que suggéré. Les auteurs citent toutefois La nuit des morts vivants dans une scène inattendue et éprouvante au fond d’une cave.
Une des grandes différences avec le film de Robin Campillo est le rôle central donné au prêtre de la commune. Le film initial traitait froidement de l’impact du retour des morts via ses conséquences purement logistiques. Les auteurs de la série abordent la vision religieuse du phénomène. Qu’en est-il de la résurrection ? Que signifie la venue d’un enfant fruit de l’amour entre un mort et un vivant ? Qu’en est-il, au fond, des solitudes humaines contemporaines dans ces villes nouvelles désincarnées ?
Il n’y a plus personne dans la ville, à part les militaires venus superviser l’évacuation de la population. La saison deux s’ouvre sur la vision d’un grand cerf, blessé, sur la place centrale désertée. Encore une scène magnifique.
La réussite de la série doit beaucoup à la musique et à la photo. Les producteurs ont eu l’excellente idée de confier la bande son au groupe rock avant-gardiste Mogwai. Nos Ecossais tissent une toile sonore à la fois sombre et lumineuse, souvent épurée autour de quelques notes de piano ou de violoncelle et développent des thèmes particulièrement envoûtants. On ne saurait trop conseiller au spectateur d’acquérir le CD de la musique du film. La photo est également somptueuse. A la fois froide et chaleureuse, elle installe les scènes dans une ambiance qui fait la marque de la série. Beaucoup de ces scènes sont tournées à l’aube ou au crépuscule, un choix renforçant l’étrangeté ambiante.
Il n’y aura pas de saison trois et c’est très bien ainsi. Au final, la série déploie magistralement une fresque sombre et poétique au long des 16 épisodes qui composent les deux saisons. Traiter sur un mode réaliste, comme le tentait Romain Campillo dans son film, le retour des morts parmi les vivants est une gageure impossible à relever. Les scénaristes l’acceptent et ne proposent pas d’explication ou de fin bien identifiée.
La série a eu droit à un remake américain visible sur Netflix. Etait-ce vraiment nécessaire ?
Fab Free