Zombie futé n°18 : 28 jours plus tard
Un film de Danny Boyle (2002)
Lorsque Danny Boyle a annoncé son projet de tourner un film post-apocalyptique, à l’orée du millénaire, beaucoup se sont demandé quelle mouche l’avait piqué. Qu’allait donc faire l’auteur de bijoux cultes tels que Petits meurtres entre amis et Trainspotting dans une galère zombie ? Les amateurs du genre, eux, pas regardants sur la qualité comme chacun le sait, sont entrés dans les salles obscures sans appréhension.
Ce qu’ils ont vu les a stupéfiés.
Parce que Danny Boyle nous assène le coup parfait de l’avant et de l’après. 28 jours plus tard est révolutionnaire à bien des égards. D’abord en modifiant le personnage principal. Exit le mort vivant lent et maladroit. Place à un enragé qui court plus vite qu’Usain Bolt et saute plus haut que Blanca Vlašić. On ne parle plus de zombies mais d’infectés et cela devient évidemment encore plus compliqué de survivre. Cette trouvaille a totalement relancé le genre (jusqu’aux récents World War Z ou autres Dernier train pour Busan).
Le pitch : des activistes pénètrent dans un laboratoire d’expérimentation sur les singes pour dénoncer les tortures animales. C’est très louable de leur part. Mais pourquoi ne se contentent-ils pas de prendre des photos ? Pourquoi l’un d’entre eux libère-t-il un des primates? C’est ballot ! Il vient d’éradiquer l’espèce humaine de la surface de la Terre.
Au final, 28 jours plus tard est un des tout meilleurs films anglais sortis au début des années 2000. Il fourmille de ces détails transgressifs et de ces inventions qui rendent un film « culte », comme on dit. Par exemple, Jim, quand il se réveille, est complètement à poil dans son lit d’hôpital et présente son organe ostentatoirement à la caméra. On n’omettra pas de citer, bien entendu, la double énucléation au pouce pratiquée par le même Jim au cours d’une scène finale dont la violence extrême, mais superbement théâtralisée, représente, aux yeux de votre serviteur, un masterpiece absolu du genre. Il faudrait décortiquer cette scène, les mouvements de tous ses protagonistes, situer les pièces du château où elle se déroule. C’est du cinéma sous psychotropes, souligné par une bande son hypnotique qui éclate finalement en un feu d’artifice sonore intense qui rappelle les plus belles heures de Massive Attack. Visuellement, c’est beau comme du Kubrick. Il y a pire comme référence.
La description de la petite communauté militaire qui a investi le château est également un must. Censée former un rempart entre les infectés et la population saine elle n’est plus qu’une escouade d’hommes au bord de la folie qui tâchent de survivre dans un monde en perdition. On reconnaît la référence chère à Romero des militaires s’amusant à dégommer du zombie. Le film cite du reste le grand maître à plusieurs reprises. Plus exactement son second opus (la visite du supermarché, l’enfant infecté dans la station essence).
Et comme Danny Boyle a décidé de ne rien faire comme les autres, on a droit à une sorte de happy end (à laquelle personne ne croit).
28 semaines plus tard, la suite tournée en 2007 par Juan Carlos Fresnadillo (featuring Robert Carlyle) ne présente strictement aucun intérêt, sinon de nous rejouer la double énucléation au pouce.
Fab Free