Ciné actu par Jean Aymar de Thou : The Lost City of Z
Un film de James Gray (2016), sorti en salles le 15 mars 2017
Est-il possible de réaliser un film d’aventures intimiste ? Affirmatif, peut-on répondre après avoir vu The Lost City of Z de James Gray, à qui l’on doit les petits chefs-d’œuvre que sont The Yards, La nuit nous appartient ou Two Lovers.
Le réalisateur réussit à entremêler étroitement la passion dévorante de l’explorateur Percy Fawcett pour la jungle brésilienne, ses habitants et une mythique cité perdue… et l’affection également dévorante que le lie à son épouse, une femme libérée, très en avance sur son époque, soutien indéfectible et irréductible de son mari et presque prête à le suivre à l’autre bout du monde. Une passion forcément vécue en pointillés pendant des décennies.
Le film explore avec précision autant la psyché complexe de Fawcett, dont l’objectif poursuivi au fur et à mesure de ses explorations évolue, que la jungle touffue, mystérieuse, dangereuse et finalement intangible.
Tourné quasiment sur place, The Lost City of Z évoque forcément par moments, mais sur un tempo évidemment plus apaisé, les deux longs métrages de Werner Herzog filmés dans l’enfer vert avec Klaus Kinski, Aguirre la colère de Dieu et Fitzcarraldo (cité presque explicitement avec cet opéra joué dans un bled créé de toutes pièces au fin fond de la forêt amazonienne).
Particulièrement réussie, la fin du film, avec des scènes qui rappellent celles de la dernière partie d’Apocalypse Now, décrit avec subtilité la « disparition » de Fawcett dans la jungle lors de son exploration ultime… et la naissance d’une énigme toujours irrésolue (dont j’avais entendu parler ado grâce à la troisième aventure de Bob Morane intitulée Sur la piste de Fawcett…).
Avec le rôle de Fawcett, Charlie Hunnam, joli blond qui n’a pas encore vraiment marqué l’histoire du cinéma, gagne ses galons de grand acteur. On attend donc avec impatience son prochain film, annoncé cette année, où il incarnera le roi Arthur.
Jean Aymar de Thou