Zombie futé n°17 : L'enfer des zombies
Un film de Lucio Fulci (1979)
Faites le test : demandez autour de vous qui connaît la signification du mot énucléation. Vous risquez d’être surpris par le très faible pourcentage de bonnes réponses. D’ailleurs le savez-vous vous mêmes ? Hein ? Par contre, il est certain que 100% des gens qui ont visionné L’enfer des zombies de Fulci, savent ce que veut dire énucléation.
Il faut dire qu’il s’agit de la scène la plus célèbre du cinéma gore. Elle intervient très exactement à 45'23", quand la main du zombie saisit l’infortunée par les cheveux et commence à l’attirer vers l’écharde fatidique, et se termine à 46'23".
Cette scène mythique, ce monument érigé sur l’autel du cinéma gore, a traumatisé des générations de non-cinéphiles. Cela se comprend. L’action évoque quelque part l’arrimage d’un vaisseau sur une plate-forme spatiale : c’est lent, inexorable et très précis. La jonction a lieu exactement à 46'06", soit l’instant où le globe oculaire rencontre le morceau de bois fracturé en biseau.
Les vertueux trouveront ça littéralement dégueulasse et considèreront ce moment comme une sorte de perversion ultime du cinéma. Ils auront tort. Il faut applaudir la performance technique. Apprécier ce déroulé hitchcockien (non ? il va pas nous faire ça ? non ?? et ben si !). Et bien sûr souligner les citations cinéphiles. Ben oui, quoi : Méliés, la fusée plantée dans l’œil de la lune ! Bunuel ! Ignorants, va…
En dehors de cette scène culte, le film de Fulci n’est pas dénué de charmes. Les zombies sont très artistiquement composés, surtout les conquistadors qui émergent d’un antique cimetière perdu dans la jungle. Tout en composition minérale jouant sur les ocres, ils sont assez plaisants à regarder.
Citons également cette scène sous-marine invraisemblable où l’on voit surgir un zombie d’un banc de corail et s’attaquer à un squale. Le requin lui arrache un bras gauche déjà passablement amoché mais l’ex-vivant en profite pour le mordre et lui arracher un steak dont il se gave avec bonheur. Ces Italiens, on en pense ce qu’on veut, mais il faut reconnaître que dans les seventies, ils ont su faire déborder l’imagination au-delà du cercle des bordures.
L’intrigue quant à elle… euh, au fait, quelle intrigue ? Bon, passons sur l’intrigue. De toute façon, on en a pour notre argent dès 46'23".
Fab Free