Zombie futé n°15 : Le lac des morts vivants
Un film de Julian de Laserna et Jean Rollin (alias J.A. Lazer ou Laser) (1980)
Le lac des morts vivants jouit d’une aura particulière dans l’histoire du cinéma. Il est considéré comme le pire film français jamais tourné. Il est donc incontournable et nul cinéphile qui se respecte ne saurait continuer de vivre sans l’avoir visionné. Votre serviteur considère donc comme un honneur suprême d’avoir l’occasion de le chroniquer.
Le pitch : les corps de braves soldats allemands, liquidés par les partisans en 1945, ont été jetés dans un étang mille fois maudit depuis des siècles et des siècles. Désormais, ils se gavent de toutes les gonzesses à poil qui ont la mauvaise idée d’y barboter. Pour les besoins du film, ils sortent de l’eau et vont visiter le village voisin.
Moi, j’ai ma petite idée sur ce film. Elle m’est venue à la 52e minute et j’en démords pas : le script a été écrit par des enfants de moins de dix ans. C’est pas possible autrement. J’imagine que c’était un projet pédagogique en classe mixte du village local et que, d’une manière ou d’une autre, Marius Lesœur, producteur de série Z pour Eurociné, en vacances dans le coin, a décidé de tourner cette touchante histoire vite fait pour « enrichir » son catalogue. Il a proposé le projet au grand Jesus Franco. L’Espagnol a rappliqué et a jugé très vite que le film risquait de ruiner sa réputation (!). Il est rentré chez lui. Du coup, le non moins grand Jean Rollin, qui traînait sur le tournage, a pris le relais (lui, il avait renoncé à défendre sa réputation). Quant au grand Howard Vernon, l’acteur principal, il s’en tapait glorieusement de sa réputation. Faut dire que l’immense Howard Vernon est capable de tout. La preuve par Le lac des morts vivants !
Inutile de préciser que nous sommes en présence d’un parfait nanar.
Au final, on se paye moult bonnes et franches tranches de rire. L’effet comique le plus réussi est engendré par un doublage complètement à côté de la plaque. Ecoutez le fond sonore dans le café du village, par exemple. Il reste le même quelle que soit l’ambiance. Quand la journaliste y pénètre, on entend des bruits de bar et de conversation dont émerge un « Pour qui elle se prend celle-là ? » très distinct. Plus tard, quand nos nazis viennent ravager le rade, c’est la même bande son qui passe ! Réentendre ce « Pour qui elle se prend celle-là ? » alors que les vert-de-gris massacrent tout le monde est tout à fait irrésistible.
Les acteurs ne sont pas seulement amateurs. Ils semblent sortir de leur maison pour juste jeter un œil sur le tournage. La palme d’or d’interprétation est attribuée sans hésiter au garde champêtre joué par un « acteur » dont le manque d’implication frise le sabotage en règle.
Il paraît qu’une seconde version a été tournée pour l’export avec les mêmes filles en bikini. Tu le crois ça ??
Fab Free