Zombie futé n°13 : Le retour des morts vivants
Un film de Dan O'Bannon (1984)
Si La nuit des morts vivants a créé en 1968 tous les codes du film zombie, Le retour des morts vivants, sorti sur les écrans français en 1985, les a réinventés avec joie et férocité. Avec le métrage de Dan O’Bannon, le genre est entré dans une nouvelle ère dont on peut dire qu’elle dure encore aujourd’hui.
Le pitch : quelques containers militaires mystérieux végètent depuis des années dans la cave d’une entreprise de fournitures médicales. Et quand l’un d’entre eux se met à fuir, ça commence à sentir mauvais pour tout le monde.
Grande nouveauté, le film penche clairement vers la comédie. A l’époque, il relance complètement un genre qui s’était enfoncé dans des démonstrations gore de plus en plus effroyables (merci les Italiens !). La comparaison avec Le jour des morts vivants de Romero, tourné en 1985, en est d’ailleurs presque cruelle. Le troisième opus du maître condense tous les excès et défauts du genre : obsession pour les scènes sanguinolentes, nullité affligeante des acteurs, scénario inexistant.
On a ici une histoire tout à fait cohérente et un déroulement par événements répétés très intelligent (voir les épisodes successifs de diffusion du gaz toxique : dans l’usine, puis aux alentours et, finalement, sur un périmètre beaucoup plus vaste grâce à l’intervention « chirurgicale » de l’armée).
Les acteurs ne sont pas seulement bons. Certains sont excellents. On pense notamment à Franck le contremaître, tout à fait hilarant dans son affolement quand l’horreur se déclenche, et à Ernie, le thanatopracteur chez qui les protagonistes trouvent refuge.
Les effets spéciaux habillent le gore d’une certaine patine artistique. Le zombie initial, sorti d’un container pas si étanche que ça, est tout à fait formidable d’inventivité. Le demi-cadavre de femme, attaché sur la table de dissection, est également épatant de crédibilité et a clairement fait passer le genre dans une autre dimension.
Le film, surtout, vise un public ado beaucoup plus large que les aficionados habituels. De fait il remportera un très grand succès, ouvrant le genre zombie au plus grand nombre. Une bande son judicieusement punk'n’roll (Cramps, Damned) venant définitivement ringardiser la concurrence.
Enfin, Dan O’Bannon prend toutes sortes de libertés par rapport aux codes : on ne peut plus éliminer un zombie en visant la tête (quelle hérésie !). Le mort vivant est de son côté très friand de cervelle fraîche (très bonne trouvaille), il court et il sait même parler. "Brain, brain ! More brain !!" ferait une excellente baseline.
On s’épuiserait à citer les scènes cultes mais on ne passera pas la fameuse réplique d’un zombie s’emparant de la radio d’une voiture de police et lançant un guttural : "Send more cops".
Fab Free