Zombie futé n°11 : Zombie
Un film de George Romero (1978)
On l’a déjà souligné, les deux grandes qualités de Romero résident dans sa lecture politique et sociologique ainsi que dans sa recherche d’humanité chez le zombie moyen. On retrouve donc dans Zombie les mêmes thèmes développés lors du premier opus : l’affolement sur les plateaux TV, les miliciens qui s’amusent à dégommer du zombie en buvant de la bière, les rescapés rendus à une bestialité plus sauvage que celle des morts vivants.
Cette fois, notre spécialiste de l’anthropophagie se fait anthropologue. Et quel meilleur endroit qu’un centre commercial pour cerner les us et coutumes de l’homo « occidentalus » ? Puisque le monde est devenu un enfer, pourquoi ne pas essayer de préserver le paradis ? Pour ce faire, les 4 protagonistes ont tout compris. Ils s’installent dans un vaste supermarché et jouissent dès lors sans entrave d’une surconsommation assumée. Les trois pièces vides qu’ils sanctuarisent dès le début se transforment ainsi peu à peu en un appartement très cosy et classieux. Une fois parvenus à ce stade de développement… ils s’emmerdent ferme.
Le spectacle de cette microsociété opulente est situationniste en diable. Le centre commercial est le centre de l’univers, le lieu de toutes les promesses et jouissances contemporaines. C’est vers cet endroit que les zombies convergent car leur cerveau détraqué se rappelle que c’est là qu’ils ont passé leurs moments les plus heureux. De même les nouveaux locataires des lieux seront prêts à mourir pour en défendre l’accès.
Car évidemment ils font des envieux chez les autres rescapés locaux et les jours heureux tournent vinaigre.
On ne criera pas au génie avec ce film même si la visite du supermarché deviendra presque un passage obligé dans le genre zombie. Les morts vivants, innombrables, sont assez ridicules avec leurs maquillages blancs et bleus. N’importe quel défilé d’Halloween est plus crédible aujourd’hui. De même les scènes d’anthropophagie feront sourire les fans de The Walking Dead.
Mais il y a l’humour, toujours présent, qui fait passer la pilule.
On l’aura compris, le deuze de Romero, n’est pas à la hauteur de son premier chef-d’œuvre… mais c’est l’avis de votre serviteur. Car beaucoup d’amoureux du genre en font son masterpiece. Certains préfèrent même le troisième volet mais là, franchement, ils exagèrent, sauf à réduire le genre à l’inventivité des scènes gore (on y revient de suite).
Fab Free