Zombie futé n°7 : Zombeavers
Un film de Jordan Rubin (2014), sorti en DVD en 2015
Après les moutons garous, les castors mutants. Mais pourquoi diable les castors ? Réponse ci-dessous.
Au cinéma, tout est affaire de contexte, de situation, de mise en condition. Rien ne remplacera jamais la grande salle obscure, le fauteuil profond et moelleux, la 3D qui envoie virevolter autour de vous les éléments du spectacle, le son Dolby Digital gavé de surround en stéréo et de subwoofers qui vous balancent les infrabasses dans le bas-ventre… Tout ça pour dire quoi ?
Que voir Zombeavers dans de telles conditions de confort et d’asservissement mental serait une erreur fatale. Il faut visionner la chose, comme votre serviteur, sur un vélo d’appartement, branché sur U Tube avec affichage dégueu, image non cadrée, le tout en anglais sous-titré en italien. Ça dure pas plus d’une heure ce chef-d’œuvre. Soit la distance idéale pour l’effort solitaire, la sueur, le sang, les larmes et… la réflexion.
Car que nous apporte de plus précieux le cinéma que la réflexion sur le devenir du monde, le sort de la culture et des relations avec ta femme ? A part ça, à quoi sert-il le cinéma ? Hein ?? Un bon film, c’est comme un bon vin : on a envie d’en parler, de décortiquer les sensations. De partager. En l’occurrence, en sortant de Zombeavers, vous disserterez toute la soirée avec vos proches amis sur la question cruciale suivante : y aurait-il eu film sans la possibilité de réaliser un jeu de mot anglais à deux balles entre le mot « zombie » (qui veut dire zombie) et le substantif « beaver » (qui veut dire castor) ?
Le pitch : une bande de djeuns se fait attaquer par des peluches enragées. Du coup il leur pousse deux grosses dents de devant.
Qu’on ne s’emballe pas pour autant. Non, Zombeaver n’est pas un nanar ! Les acteurs ne sont pas assez mauvais et le second degré est clairement assumé. En gros, Zombeavers est un film intelligent, sinon dans son contenu, en tout cas dans sa forme.
Ces gens-là font un film à deux francs CFA et tiennent à le faire savoir. Ils font ainsi du budget riquiqui un atout (excellent réflexe dans le film de genre). Les castors-pollux enragés ont l’air de sortir d’un Muppet Show du pauvre et nous devons avouer que l’idée est bien trouvée et réjouissante (sauf bien entendu si vous avez payé 10 euros et que vous vous trouvez dans un Mégarama de banlieue avec son surround, subwoofers, 3D, etc. etc. etc.). L’ambiance est, somme toute, assez cool, jusqu’à ce que les humains mordus se mettent à muter. Et là, cela devient franchement violent et gore. Mais c’est très amusant de voir une jolie bouille de blondasse muter en tronche de castor.
Ajoutons un dernier gag qui renvoie au démarrage du film, genre, la boucle est bouclée… Et, je vous jure, vous avez presque envie de remettre le couvert. Après tout elles sont bien girondes ces fifilles.
Fab Free