Zombie futé n°5 : World War Z
Un film de Marc Forster (2012), film de zombies, catégorie « enragés ». Traduction : les morts-vivants ne sont plus des êtres lents et maladroits mais des bêtes fauves qui courent le cent mètres plus vite que Usain Bolt.
A la limite on est presque gênés, nous, les amateurs du genre. Un blockbuster zombie ! Et avec (n’en jetez plus) Brad Pitt ! Nous qui avons appris à vivre avec des productions à trois francs six sous et des acteurs aussi inconnus que mauvais, on ne sait plus où se mettre. Songez donc, un budget de 190 millions de dollars alors que Evil Dead 1 ne pesait que 300 000 billets. Le rapport est exactement de 1 pour 633,3333... (etc. etc. etc.). Alors forcément, on en veut pour notre argent. Bon on ne s’attend pas à ce que le film nous propose 633,3333... (etc. etc. etc.) fois plus d’idées et d’émotions que Evil Dead. Mais quand on s’assoit dans notre fauteuil avec un gros sac de pop-corn calé entre les cuisses et une canette de Fanta à portée de main, on est très confiants.
116 minutes plus tard, quand le rideau tombe, on reste effaré, sidéré, groggy… par la nullité du scénario. On ne parle pas du respect du cahier des charges d’un blockbuster familial, à savoir que Brad « Ze » Pitt sauve le monde à lui tout seul et retrouve sa famille intacte. Ça, c’est normal. Mais nom de Zeus, pour un film qui a coûté 633,3333... (etc. etc. etc.) fois plus que Evil Dead 1, ne pouvait-on pas espérer un minimum de cohérence et de crédibilité dans le traitement de l’histoire ?
Notre Tintin globe-trotter rebondit de la Corée du Sud au Pays de Galles en passant par Jérusalem, au fil d’un enchaînement de circonstances toutes plus invraisemblables les unes que les autres. Nous vous recommandons à ce sujet cet article hilarant sur les 1 001 aberrations du scénario (attention spoilers) : http://blog.francetvinfo.fr/actu-cine/2013/07/20/les-1001-aberrations-de-scenario-de-world-war-z.html
Ah, le coup final des pennies dans la poche de Brad…
Bon, quand même, ne soyons pas trop méchants. Les 190 millions, on les voit bien dans les effets spéciaux. Les amateurs de crashs d’avions seront ravis et on reste impressionnés par ces grappes de zombies escaladant des murailles de lamentations par amoncellements compulsifs comme une armée de fourmis rouges enragées.
Reconnaissons également au film un premier quart d’heure assez époustouflant. L’exercice de style de la description du basculement de la société dans l’enfer sur terre est vraiment bluffant. Cela a été vu quinze mille fois déjà mais quand c’est réalisé avec des montagnes de dollars ça vaut le coup d’oeil.
On ne trouvera pas trace non plus de message politique. Un blockbuster n’est pas un endroit où l’on se donne une chance de réfléchir. Signalons juste cette théorie fumeuse dite du « dixième homme » exposée par un Israélien que Brad retrouve avec une stupéfiante facilité, sur les conseils avisés d’un fou croisé par hasard dans une geôle coréenne. En gros, quand neuf hommes disent que c’est blanc, il en faut toujours un dixième qui prouve que c’est noir. Illustration : neuf Israéliens ont dit que les zombies n’existaient pas mais le dixième les a « Juste » convaincu du contraire. Alors Israël a construit un grand mur en deux temps trois mouvements pour se protéger des hordes affamées. Ce mur est une idée scénaristique qui renvoie évidemment à une réalité locale nauséabonde. Mais il y a une justice : comme le leur fait remarquer Brad, qui décidément comprend tout avant les autres, les gens font beaucoup trop de bruit à l’intérieur de l’enclos des élus. Or, le bruit, ça a tendance à exaspérer le zombie. J’en dis pas plus.
J’espère simplement vous avoir donné 633,3333... (etc. etc. etc.) bonnes raisons de revoir Evil Dead 1.
Fab Free