Zombie futé n°2 : Evil Dead
Que les choses soient claires : les vingt premières minutes d'Evil Dead 2 sont strictement indispensables. Nul ne pourra jamais prétendre disserter sur le genre gore/zombie s’il n’est pas passé par cette expérience cinématographique. C’est un peu comme le premier quart d’heure d’Indiana Jones ou la « chestbuster scene » dans Alien : il y a un avant et un après et cet après va bien au-delà du genre auquel appartiennent ces chefs-d’œuvres.
Les esprits chagrins réduiront le film à un remake du premier réalisé avec plus de moyens. C’est vraiment ne rien comprendre. Evil Dead 1 est absolument indispensable également. Aucun doute là-dessus. Il faut l’avoir vu, comme votre serviteur, à sa sortie, lors du festival du film d’horreur à Paris, pour mesurer l’impact qu’il a eu. Ce silence soudain dans une salle normalement hystérique… Ah, ce banc suspendu qui cogne doucement contre le mur de la maison comme une menace glaçante. Argh, ces recherches à tâtons dans la cave ou dans les salles de bain…
Evil Dead 2, tourné cinq ans plus tard, remet donc le même couvert. Ash, cette fois seul avec sa copine dans la cabane au fond des bois, déclenche les forces du mal en faisant tourner le même magnéto nécromancien. Alors oui, il y a dix fois plus de moyens et cela se voit. Mais cette orgie de dollars (3,5 millions contre 300 000) se traduit par un déferlement invraisemblable d’idées et d’innovations techniques. On ne filmera jamais plus, par exemple, des courses poursuites à travers les pièces d’une habitation de la même manière. La danse du cadavre sans tête de la petite amie, enterrée la veille, a forcément traumatisé un certain Tim Burton. Et que dire de la scène de la mimine envoûtée ? Le héros se bat littéralement contre sa main droite et celle-ci finit par l’assommer à coup d’assiettes. Evil Dead 2 c’est l’irruption du burlesque et de l’esprit Tex Avery dans un film gore. Le genre ne s’en est jamais vraiment remis.
Les susnommés grincheront aussi sur la qualité des effets spéciaux. Expliquez-leur qu’il s’agit ici de construire un univers onirique et enfantin (quoi de plus beau et comique que ces arbres aux mouvements grossiers, que ces masques hideux en pâte à modeler ou que cette tête de cerf empaillée rendue vivante). S’ils préfèrent le tout-numérique qui confond le vrai du faux, qu’ils se perdent définitivement dans les limbes virtuels. Nous préférons, quant à nous, la création franche et les cauchemars d’enfance assumés. Evil Dead sans ses effets spéciaux foutraques, c’est plus Evil Dead.
Et puis, évidemment, on ne terminera pas sans évoquer la performance de Bruce Ash Campbell. Encore propre et bien peigné dans le premier opus, il nous campe dans le second un personnage paroxystique d’une telle intensité dans la folie expressive et l’hystérie que la limite ici fixée n’a pas encore été dépassée. En tout cas pas à notre humble connaissance.
Fab Free