L'oeil de Crazy Bug : Mademoiselle
Un film de Park Chan-Wook (2015), sorti en salles le 1er novembre 2016
Mademoiselle est un petit (et long, 2h24 quand même) chef-d’œuvre qui mélange astucieusement double manipulation, perversion, érotisme et… vengeance féminine, le tout dans un écrin visuellement époustouflant, tant au niveau des intérieurs qu’à celui des paysages, à couper le souffle.
Après l’excellent Stoker, déjà pas mal pervers, tourné aux Etats-Unis avec Mia Wasikowska et Nicole Kidman, le cinéaste coréen Park Chan-Wook revient en Asie et place l’action de son film dans les années 1930 dans une Corée occupée par les Japonais. Une option qui permet de multiplier les doubles jeux entre les protagonistes qui passent allègrement du coréen au japonais en fonction des circonstances et qui cherchent à se manipuler les uns les autres. Un choix qui permet aussi au réalisateur de faire référence à un certain cinéma nippon des années 1970 légèrement olé-olé où les personnages féminins, maltraités, humiliés voire torturés, finissaient toujours par triompher d’une gent masculine généralement vile et peu sympathique (cf. le fameux Couvent de la bête sacrée).
Articulé en deux parties principales qui narrent les mêmes actions vues par deux protagonistes différents et qui tiennent vraiment en haleine (suivies par une conclusion un peu moins surprenante), Mademoiselle permet aussi à Park Chan-Wook de déployer tout son talent de mise en scène en prouvant par A+B qu’une séquence tournée d’un certain point de vue (donné par la caméra) peut avoir une signification tout autre que celle qui apparaît de prime abord évidente pour le spectateur (placée ailleurs, la caméra peut en effet révéler « autre chose »). Un film à voir absolument même si on n’apprécie pas forcément les longs métrages asiatiques !
Crazy Bug