Tonino Valerii (1934-2016)
Réalisateur italien connu pour ses westerns-spaghettis, Mon nom est personne (1973) en tête, Tonino Valerii est décédé le 13 octobre 2016 à l’âge de 82 ans. Valerii fut considéré par Sergio Leone comme son meilleur disciple. "Nos rapports allaient bien au-delà de la simple amitié, déclarait-il dans le magazine Mad Movies. Nous étions quasiment frères. Sergio était l'aîné et moi le cadet. Si le cinéaste Alessandro Blasetti, que je considère comme mon mentor, m'a ouvert la voie, Sergio, lui, m'a appris tout ce qu'il fallait savoir sur le cinéma. Plus encore, Sergio m'a aussi montré comment me comporter comme un truand dans le milieu afin de défendre mes intérêts". Les deux hommes finirent néanmoins par s'opposer, Leone ayant déclaré que c'était lui qui avait réalisé Mon nom est personne, alors qu'apparemment, il n'aurait tourné que quelques scènes avec Terence Hill..
Assistant réalisateur sur Et pour quelques dollars de plus... (Leone, 1965), Tonino Valerii signe son premier film en 1966. Lanky, l'homme à la carabine, interprété par l'acteur américain Craig Hill, est sa première incursion dans le western et ce sera loin d'être la dernière. Il enchaîne sur Le dernier jour de la colère (1967) avec Lee van Cleef et Giuliano Gemma, tous deux excellents, puis sur Texas (1969), habile transposition des événements liés à l'assassinat de JFK dans l'univers du western. La distribution y est ici dominée par Giuliano Gemma, Fernando Rey et Van Johnson. C'est à ce moment-là que Tonino Valerii décide de faire un petit détour vers d'autres genres : l'érotisme avec Une jeune fille nommée Julien (1970), et le giallo avec Folie meurtrière (1970). Seule tentative de Tonino Valerii dans ce genre, Folie meurtrière (sorti en DVD il y a quelques années chez Neo Publishing) marque les spectateurs par son atmosphère désespérée (l'action est liée à l'enlèvement et au meurtre d'une petite fille) et par une séquence, devenue célèbre, d'assassinat sadique à la scie circulaire (j'en frissonne encore)...
Pour son film suivant, il revient au western avec Une raison pour vivre, une raison pour mourir (1972), connu aussi sous le titre de La horde des salopards. Assez raté, ce film, qui transpose le scénario des Douze salopards au temps de la guerre de Sécession, réunit malgré tout une distribution prestigieuse (Telly Savalas, James Coburn, Terence Hill, Bud Spencer). En 1973, Sergio Leone, exaspéré et écœuré par la vague des westerns-spaghettis à la sauce comique (Trinita et consorts), décide d'enterrer le filon en beauté en écrivant Mon nom est personne, sorte d'hommage ironique et de testament au genre qui l'a rendu célèbre. Il décide de se limiter à la production du film et en confie alors la réalisation à Tonino Valerii. Avec Henry Fonda et Terence Hill, Mon nom est personne devient l'un des plus grands succès du western dans les salles (4,7 millions d'entrées rien qu'en France). Ce chant du cygne est aussi celui de Tonino Valerii. Dans les années qui suivent, il ne signe qu'un petit polar et un film d'aventures (Les requins du désert, 1977) sans grand intérêt. Il se reconvertit alors dans le documentaire, les films publicitaires et la télévision.