Andrzej Wajda (1926-2016)

Publié le par lefilmdujour

Le réalisateur polonais Andrzej Wajda, Palme d'or au festival de Cannes pour L'Homme de fer (1981), César du meilleur réalisateur pour Danton (1983), cinq fois en compétition pour l'Oscar du meilleur film étranger, est décédé le 9 octobre 2016 à l'âge de 90 ans.

Considéré par certains comme le plus grand des cinéastes polonais, Andrzej Wajda avait été révélé à Cannes dès son deuxième film, Kanal (a.k.a. Ils aimaient la vie) (1957), Prix spécial du jury sur la Croisette. Sa réputation internationale, il l’acquiert avec son film suivant, Cendres et diamant (1958), présenté au festival de Venise. Ces deux longs métrages, avec le premier réalisé par Wajda (Une fille a parlé, a.k.a. Génération, 1954), forment une sorte de « trilogie de la guerre » au vu de leur thème commun (la Résistance de la jeunesse polonaise face aux Allemands durant la Seconde Guerre mondiale), d’autant qu’ils sont tous trois interprétés par le jeune acteur emblématique du renouveau du cinéma polonais dans les années 1950, Zbigniew Cybulski.

Continuant sur sa lancée, Andrzej Wajda enchaîne les films tout au long des années 1960 et 1970 (d’où émergent notamment Lady Macbeth sibérienne, 1961, La Croisade maudite, 1967, Tout est à vendre, 1969, Le Bois de bouleaux, 1970, La Terre de la grande promesse, 1975).

Dans les années 1970, toutefois, le cinéma d’Andrzej Wajda se politise. Proche des idées du syndicat Solidarnosc, le réalisateur se lie d’amitié avec Lech Walesa. L’Homme de marbre (1976) est une date dans l’histoire de la Pologne. « Comment ne serait-on pas tenté d’y voir l’un des points de départ du courant contestataire qu’allait animer Solidarité ? », s’interroge le Dictionnaire des cinéastes de Jean Tulard. L’Homme de marbre suit les traces d’une jeune réalisatrice de télévision qui enquête sur un ouvrier héros du stakhanovisme, tombé aux oubliettes avec le « dégel ». Sa « suite », L’Homme de fer (1980), est tourné en quasi-temps réel durant les premiers événements provoqués par Solidarnosc. Lech Walesa y fait même une apparition.

Après le coup de force du général Jaruzelski, Andrzej Wajda réalise des films à l’étranger comme Danton avec Gérard Depardieu, Un amour en Allemagne (1983) avec Hannah Schygulla ou Les Possédés (1987), d’après Dostoïevski, avec Isabelle Huppert et Lambert Wilson.

De retour en Pologne, le réalisateur revient à la Seconde Guerre mondiale avec Korczak (1989), évocation de la vie et de l'œuvre d’un médecin qui s’occupa d’orphelins dans le ghetto de Varsovie, L’Anneau de crin (1992), La Semaine sainte (1995) ou Katyn (2007), qui raconte l’histoire tragique de son propre père, Jakub Wajda, qui fut l’un des 22 500 officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940. En 2013, Andrzej Wajda signe encore L’Homme du peuple, une biographie filmée de Lech Walesa.

Publié dans Claps de fin

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