Maureen O’Hara (1920-2015)
Pétulante Irlandaise rousse, partenaire de Charles Laughton dans L'auberge de la Jamaïque (1939) d'Alfred Hitchcock et Quasimodo (1939) de William Dieterle, interprète "fordienne" par excellence, à son apogée aux côtés de John Wayne dans L'homme tranquille (Ford, 1952), l'actrice Maureen O'Hara est décédée le 24 octobre 2015 à l'âge de 95 ans.
C’est à l’âge de 17 ans qu’elle rencontre l’acteur Charles Laughton. Propriétaire avec Erich Pommer de la compagnie cinématographique Mayflower Pictures, celui-ci recherche une jeune fille pour le film en costumes que s’apprête à tourner Alfred Hitchcock, L’auberge de la Jamaïque. Laughton est frappé par le charisme de la Dublinoise, ses yeux verts et sa flamboyante chevelure rousse. Elle est embauchée et, dans la foulée, elle interprète Esmeralda face à Charles Laughton/Quasimodo dans l’adaptation de Notre-Dame-de-Paris de Victor Hugo réalisée pour le grand écran par William Dieterle.
Maureen O'Hara et John Wayne dans L'homme tranquille (Ford, 1952)
Maureen O’Hara enchaîne avec Qu’elle était verte ma vallée (1941) de John Ford, séduit lui aussi par l’actrice qui lui rappelle ses origines irlandaises. Ce film sur une communauté de mineurs gallois révèle la nature passionnée et volontaire de Maureen O’Hara qui devient en quelque sorte une muse pour John Ford qui retravaillera par quatre fois avec l’actrice. Face John Wayne, elle est une tigresse sudiste dans Rio Grande (1950), Irlandaise farouche dans L’homme tranquille (1952), femme de militaire indépendante dans L’aigle vole au soleil (1957). Maureen O’Hara est aussi au générique de Ce n’est qu’un au revoir (1955) de John Ford aux côtés de Tyrone Power.
Maureen O'Hara et Paul Henreid dans Pavillon noir (Borzage, 1945)
Parallèlement, le physique, le tempérament et les aptitudes sportives de l’actrice en font une vedette incontournable des films de cape et d’épée, des films de pirates et des fantaisies exotiques. Surnommée La reine du Technicolor, Maureen O’Hara imprime à jamais la pellicule dans des œuvres comme Le cygne noir (1942) de Henry King, Pavillon noir (1945) de Frank Borzage, Sinbad le marin (1947) de Richard Wallace, Bagdad (1949) de Charles Lamont, A l’abordage (1952) de George Sherman, Les fils des mousquetaires (1952) de Lewis Allen (où elle incarne la fille d’Athos)…
Elle travaille aussi avec Henry Hathaway (Dix héros de West Point, 1942), John Stahl (Aventures en Lybie, 1942 ; La fière Créole, 1947), Jean Renoir (Vivre libre, 1943, aux côtés de Charles Laughton à nouveau), William Wellman (Buffalo Bill, 1944), Nicholas Ray (Les secrets d’une femme, 1948). Sa popularité atteint un sommet avec Le miracle de la 34e avenue (1947), histoire d’un vieil homme qui se prend pour le père Noël…
John Wayne et Maureen O'Hara dans Big Jake (G. Sherman, 1971)
Du côté des westerns, Maureen O’Hara retrouvera encore John Wayne (sans John Ford) dans Le grand McLintock (A. McLaglen, 1963) et Big Jake (G. Sherman, 1971) et donnera la réplique à Henry Fonda dans La montagne des neuf Spencer (1963) de Delmer Daves et à James Stewart dans Rancho Bravo (1966) d’Andrew McLaglen.
A la fin des années 1960, son mariage (le troisième…) avec le général Charles Blair, aviateur de son état, sonne le glas de la carrière cinématographique de Maureen O’Hara qui se consacre alors, avec son époux, à la gestion d’une compagnie d’aviation dans les Caraïbes. On ne la reverra qu’une dernière fois sur grand écran dans Ta mère ou moi ! (1991) de Chris Colombus où elle joue la mère encombrante de John Candy.
Le 22 février 2015, Maureen O'Hara, ici aux côtés de Harry Belafonte, Jean-Claude Carrière et Hayao Miyazaki, avait reçu un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.