Anita Ekberg (1931-2015)
Inoubliable en naïade blonde et pulpeuse baignant jusqu’à mi-cuisses en plein milieu de la fontaine romaine de Trevi face à un Marcello Mastrioanni médusé (« Marcello ! Come here ! ») dans La dolce vita (Fellini, 1960), l’actrice suédoise Anita Ekberg est décédée le 11 janvier 2015 à l’âge de 83 ans.
Miss Suède 1950, Anita Ekberg avait été repérée par Howard Hugues alors propriétaire de la RKO mais c’est pour Universal que la comédienne en herbe tourna dès 1952 ses premiers films, en général des petits rôles où sa plastique assez extraordinaire est mise en valeur.
On la repère notamment dans Artistes et modèles (Tashlin, 1955) avec le duo formé par Dean Martin et Jerry Lewis qu’elle retrouve dans Un vrai cinglé de cinéma (Tashlin, 1956). Elle tourne aussi avec Robert Ryan (Les échappés du néant, Farrow, 1956), Victor Mature (Police internationale, Gilling, 1956 ; Zarak le valeureux, Young, 1956), Bob Hope et Fernandel (A Paris tous les deux, Oswald, 1957), Sterling Hayden (Valérie, Oswald, 1957), Jack Palance (Signes particuliers : néant, Gilling, 1958)…
Anita Ekberg dans La dolce vita (Fellini, 1959)
En 1958, Anita Ekberg part s’installer à Rome et joue le rôle féminin principal d’un péplum aux côtés du Français Georges Marchal (Sous le signe de Rome, Brignone, 1958). Les paparazzi, pas fous, ne cessent de la pourchasser et exploitent outrageusement une scène de ménage avec son premier mari, l’acteur anglais Anthony Steel... Et c’est comme ça que Fellini remarque Anita Ekberg et lui confie le rôle d’une star hollywoodienne un peu paumée, plongée dans la dolce vita de la capitale italienne… Forcément, la suite sera moins glorieuse, surtout que la comédienne va se perdre dans des productions peu brillantes. Qu’importe puisque la créature est devenue une célébrité de la vie romaine…
Tous les atouts d'Anita Ekberg mis en valeur dans le sketch réalisé par Fellini dans Boccace 70 (1961)
Anita Ekberg joue quand même pour Dino Risi (A huis clos, 1961), vante en créature publicitaire les bienfaits du lait dans le sketch réalisé par Fellini dans Boccace 70 (Les tentations du docteur Antonio) (1961), tient le haut de l’affiche face à Jack Palance/Gengis Khan dans Les Mongols (De Toth, 1961) et constitue l’un des 4 du Texas (Aldrich, 1963) aux côtés de Dean Martin, Frank Sinatra et Ursula Andress.
Peu de choses à sauver par la suite, hormis des apparitions en forme de clins d’œil auprès de Jerry Lewis (Tiens bon la rampe Jerry, G. Douglas, 1966) et dans des films à sketches où elle figure au sein d’un aréopage de beautés (Comment j’ai appris à aimer les femmes, Salce, 1966 ; Sept fois femme, De Sica, 1966).
Anita Ekberg dans Intervista (Fellini, 1987)
Les années 1970 et 1980 se passent sans qu’Anita Ekberg ne revienne à la surface d’un cinéma de premier plan et ce n’est finalement qu’en 1987 dans son propre rôle que la comédienne réapparaît vraiment… devant la caméra de Fellini. Dans Intervista, le cinéaste n’hésite pas à confronter un Mastrioanni fatigué et ridé et une Anita Ekberg usée et en surpoids devant des extraits de La dolce vita, lorsque les deux acteurs étaient au sommet de leur beauté…
La comédienne que l’on reverra en 1998 dans un petit rôle dans Le nain rouge d’Yvan Le Moine avait mis un terme définitif à sa carrière en 2002 mais vivait depuis dans la solitude et le dénuement.
On prête à Anita Ekberg, qui épousa en secondes noces l’acteur néerlandais Rik Van Nutter, des aventures amoureuses avec Alain Delon, Errol Flynn, Tony Curtis, Dino Risi, on en passe et des meilleurs.