La pépée du jour n°14 : Elke Sommer (1940-)

Publié le par lefilmdujour

"Appétissante blondinette teutonne au visage enfantin et à la poitrine opulente" (dixit Jean Tulard dans son Dictionnaire du cinéma), Elke Sommer mérite que l'on s'attarde un peu sur son cas.

Car la jeune femme, dont la carrière cinématographique couvre les années 1960 et 1970, n'est pas qu'un torse impressionnant... malgré les apparences. Née en 1940 et baronne de son état (Elke Von Schletz est son vrai nom), Elke Sommer, qui maîtrise couramment sept langues, est aujourd’hui devenue un peintre réputé !

Étonnamment, c'est en Italie que l'actrice démarre sa carrière cinématographique. Lors d'un voyage en 1958 avec sa mère, la jeune femme est repérée par l'acteur/réalisateur Vittorio de Sica.

Grande vedette à l'époque, l'homme a le bras long et réussit à faire embaucher la blondinette dans quelques comédies. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître, car, dans la foulée, Elke Sommer va enquiller joyeusement les rôles légers, tant au niveau interprétation qu'au niveau vestimentaire. Producteurs allemands, italiens et français... tous veulent enrôler la belle qui en profite pour jouer les pin-up dans de nombreux magazines.

On voit ainsi la jeune femme batifoler dans De quoi tu te mêles, Daniela et Douce violence (photo ci-contre), deux films réalisés en 1961 par l'inénarrable Max Pecas qui, avant de se spécialiser dans le nanar tropézien, signa des films policiers à forte connotation érotique (voir On se calme et on boit frais à Saint-Tropez). Francis Blanche et Darry Cowl ont aussi le plaisir de tâter de la teutonne aux tétons tétanisants dans Les bricoleurs (Girault, 1962).

Elke Sommer et Peter Sellers dans Quand l'inspecteur s'emmêle (image : www.toutlecine.com)

L'Angleterre, puis l'Amérique, tombent alors sous le charme d'Elke et la belle commence à hanter les grosses productions internationales comme Les vainqueurs (Foreman, 1963) aux côtés de Jeanne Moreau, Mélina Mercouri et Romy Scheider, ou Pas de lauriers pour les tueurs (1963) avec Paul Newman.

Son rôle dans ce dernier film vaut même à notre Walkyrie le Golden Globe de la révélation féminine. Mais ce n'est qu'avec Quand l'inspecteur s'emmêle (Edwards, 1964), deuxième volet des aventures de l'inspecteur Clouzot (Peter Sellers) après La panthère rose (Edwards, 1964), qu'Elke Sommer attire définitivement l'attention de la planète cinématographique. Elle accède au statut tant envié de sex-symbol interplanétaire.

Elke Sommer et Sylva Koscina dans Plus féroces que les mâles

Les rôles vont alors s'enchaîner à vitesse grand V jusqu'à la fin des années 60. Seul (gros) problème : de tous les films que l'actrice joue entre 1965 et 1970, aucun ne casse véritablement la baraque, excepté l'excellent film d'espionnage Plus féroces que les mâles (R. Thomas, 1966), long métrage où Elke Sommer partage l'affiche avec la toute aussi affriolante Sylva Koscina.

L'actrice réussit quand même à donner la réplique à Robert Vaughn et Boris (Frankenstein) Karloff dans Minuit sur le grand canal (J. Thorpe, 1966), puis à Dean Martin dans Matt Helm règle son "comte" (soyez sympas, rigolez...) (Karlson, 1968). Des titres égrillards comme Les rêves érotiques de Paula Schultz (Marshall, 1967) et Mon petit oiseau s'appelle Percy, il va beaucoup mieux merci (R. Thomas, 1970) n'ajoutent pas grand-chose à sa filmographie.

Elke Sommer toujours au top (less...) dans Lisa et le diable

Dans les années 70, la carrière d'Elke Sommer s'enfonce malheureusement dans la série B internationale (essentiellement allemande et italienne) et la plupart de ses films ne sortent même pas en France, c'est tout dire !

On pointera quand même ses rôles dans deux films d'épouvante de l'excellent Mario Bava. Dans Baron vampire, a.k.a. Baron Blood, a.k.a La chambre de la mort (1971), Elke Sommer est en butte aux agissements de la réincarnation d’un baron sadique. Dans Lisa et le diable, 1972, l’actrice interprète le rôle féminin du titre, une héroïne perdue entre rêve et réalité dans une atmosphère baroque et onirique dominée par Alida Valli en vieille comtesse inquiétante et Telly Savalas en serviteur quelque peu démoniaque.

Le film existe aussi dans une version passablement charcutée par le producteur Alfredo Leone (qui signe sous le nom de Mickey Lion) et intitulée La maison de l'exorcisme (1975). Cette fois-ci, l’action est truffée de scènes qui lorgnent sur le succès de L’exorciste (Friedkin, 1973), scènes où la pauvre Elke Sommer, dans une pâle copie de Linda Blair, convulse, bave, se contorsionne, profère des insanités et crache de la bile…

Elke Sommer et Oliver Reed dans Dix petits indiens

A peu près à la même époque, l'encore jeune femme est également au générique d'une énième version des Dix petits nègres (Collinson, 1974), avec, côté casting français, Stéphane Audran et Charles Aznavour. Après 1979 où on la voit encore dans Le casse de Berkeley Square de Ralph Thomas, Les sept fantastiques de John Peyser et Le prisonnier de Zenda de Richard Quine (avec Peter Sellers dans un double rôle), Elke Sommer n’apparaîtra plus que dans une dizaine de longs métrages pour le cinéma, tous inédits dans les salles hexagonales.

Elke Sommer, qui a continué à beaucoup jouer à la télévision dans les années 1980 et 1990, est peut-être passée à côté d'une (très) grande carrière au cinéma...

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D
Elke Sommer est inoubliable dans "Lisa et le diable". Merci de lui avoir rendu hommage !
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