Le Film du jour n°248 : La prof et les farceurs de l'école mixte
Titre original : Classe mista
Un film italien de Mariano LAURENTI (1976) avec Dagmar Lassander, Femi Benussi, Alfredo Pea, Gianfranco d’Angelo...
A vous, lectrices et lecteurs assidus des rubriques du Film du jour, je ne vous apprendrai rien en vous précisant que La Prof est un personnage récurrent de la sexy-comédie à l’italienne, ce sous-genre qui offre des rôles en or aux jeunes femmes accortes à la cuisse apparente, à la poitrine obsédante et au fessier prometteur…
Au cinéma, le rôle de La Prof reste indissociablement lié au nom d’Edwige Fenech. La capiteuse jeune femme, qui s’était d’abord fait une petite réputation dans le giallo, fut la vedette de La Prof donne des leçons particulières (Cicero, 1975), La prof et les cancres (Laurenti, 1977) et La prof connaît la musique (Tarantini, 1978). Mais le corps universitaire recruta aussi la sublime Femi Benussi dans La prof est experte en langues (tout un programme…) (Fidani, 1975). L’exquise Lilli Carati, pour sa part, endossa la nuisette et les porte-jarretelles… euh, pardon… la blouse de l’enseignante dans La prof du bahut (Tarantini, 1976). Et les producteurs italiens n’hésitèrent pas à jouer la carte étrangère en embauchant l’actrice d’origine suédoise Janet Agren pour La prof d’éducation sexuelle (Laurenti, 1981). Quant à La prof enseigne sans préservatifs (Sanders, 1981), la décence nous interdit d’en parler ici…
Ultime avatar de la série des Profs, La prof d’éducation sexuelle (Laurenti, 1981) confie le rôle-titre à la suédoise Janet Agren, immortalisée quelques années plus tôt dans le rôle de la Mort dans La plus belle soirée de ma vie (1972) d’Ettore Scola
La prof et les farceurs de l’école mixte, l’histoire : Lycéen, le jeune Tonino est tombé raide dingue de la nouvelle prof (Dagmar Lassander), mais, plutôt réservé, il n’ose pas lui avouer son amour. Heureusement, sa tantine (Femi Benussi) est là pour le réconforter… et pas qu’un peu, mon neveu !
Au plus grand désespoir de ces messieurs, nous ne reviendrons pas sur Femi Benussi, le cas de la belle ayant déjà été longuement traité dans Tarzana, sexe sauvage. L’heure est donc venue de vous parler en détail de Dagmar Lassander et surtout de vous montrer sa photo, histoire de situer le personnage… et, accessoirement, de faire monter la température !
Dagmar Lassander
De son vrai nom Dagmar Reines Hader, Dagmar Lassander est née en 1943 à Prague, alors sous joug allemand. Fille d’un Français, elle démarre sa carrière en concevant des costumes pour l’opéra de Berlin. Mais une telle beauté ne pouvait pas rester longtemps en coulisses et c’est en 1966 que Dagmar Lassander décroche un petit rôle au cinéma. Le public français la découvre dans Énigme à Central Park (Jacobs, 1966), l’une des huit adaptations pour le grand écran des aventures germanophones de l’agent du FBI Jerry Cotton, joué par l’Américain George Nader.
Après quelques films allemands où son physique est parfaitement mis en valeur (Peau sur peau, Schott-Shöbinger, 1969), la jeune femme débarque en Italie. Et frappe fort dès son premier long métrage tourné dans la péninsule. Dans Femina Ridens/Le duo de la mort (Schivazappa, 1969) et, face à l’acteur français Philippe Leroy, Dagmar Lassander, légère et court vêtue, est confrontée aux fantasmes érotiques et aux plaisirs sadiques d’un tueur en série.
Le film est sans doute le meilleur jamais tourné par l’actrice qui, malgré les difficultés du tournage, considère avoir donné là sa prestation la plus convaincante. C’est en tout cas ce qu’elle confie dans les bonus du DVD de Black Emanuelle 2…
Dans Le duo de la mort (Schivazappa, 1969), la prestation de Dagmar Lassander est du même calibre que celles de Maria Schneider dans Le dernier tango à Paris et de Kim Basinger dans Neuf semaines et demie
Pour les producteurs italiens, l’affaire est donc entendue. Dagmar Lassander se verra désormais confier les rôles de séductrices lascives plus ou moins dévêtues et, de ce fait, parfois châtiées de leur témérité. De fait, la rousse actrice se retrouve coup sur coup au générique de deux giallos psychologiques teintés d’érotisme : Une hache pour la lune de miel (1970) de Mario Bava, le père du genre, et Photo interdite d’une bourgeoise (1970) de Luciano Ercoli, où elle croise Susan Scott, la propre femme du réalisateur (voir La mort caresse à minuit).
En 1971, Dagmar Lassander rempilera dans le genre en tournant L’iguane à la langue de feu (1971), giallo médiocre du vétéran Riccardo Freda, alors en fin de carrière.
Bande-annonce de "Une hache pour la lune de miel"
Bande-annonce de "Photo interdite d'une bourgeoise"
Dans ce film, Dagmar Lassander fait connaissance avec les gants noirs et le rasoir, symboles du giallo par excellence.
Durant toutes les années 70, Dagmar Lassander ne va guère chômer. Elle tourne pendant cette période une trentaine de films italiens de production courante parmi lesquels figurent Le conseiller (De Martino, 1973), sous-Parrain avec Martin Balsam et Tomas Milian, Le colonel en folie (Bianchi, 1973), pitrerie hésitant entre le film de bidasses et la sexy-comédie à l’italienne avec Jacques Dufilho, L’étalon (Longo, 1975), film érotique truffé d’inserts X dans sa version française, Brigade anti-racket (Vari, 1976), petit polar urbain, et La louve se déchaîne (Di Silvestro, 1976), vague mix de lycanthropie, de gore et de fesses (mais la « vedette » est la Française Annik Borel et non notre amie Dagmar, déjà plus que trentenaire…).
Dagmar Lassander est au générique de La louve se déchaîne (Di SIlvestro, 1976), mais ce n’est pas elle qui montre le plus souvent les crocs… et les nibards.
On l’aura compris, les années 70 ne sont guère brillantes, cinématographiquement parlant, pour Dagmar Lassander et ce ne sont pas des films comme La prof et les farceurs de l’école mixte, Black Emanuelle 2 (Albertini, 1971) ou Si douce, si perverse (1975) avec l’affolante Gloria Guida en rupture de son sempiternel rôle de lycéenne (voir La lycéenne est dans les vaps) qui peuvent y changer grand chose.
Ne parlons pas de L’inspecteur Bulldozer (Steno, 1977) où l’actrice croise l’ami Bud Spencer, momentanément séparé de son compère Terence Hill… On sauvera dans le tas une comédie signée par le grand Alberto Sordi (Il comune senso del pudore, 1976), où l’actrice a le plaisir – c’est elle qui le dit – de rencontrer Philippe Noiret.
Sublime !
Au cours de la décennie 1980, Dagmar Lassander disparaît petit à petit du grand écran pour se tourner vers la télévision. Le cinéphile avisé la repérera quand même dans deux films d’horreur signés en 1981 par l’excellent Lucio Fulci, le pape du gore (La maison près du cimetière et Le chat noir). Le reste ne vaut guère tripette à l’exception d’une apparition auprès de Vittorio Gassman dans La famille (1987) d’Ettore Scola.
Aux dernières nouvelles, Dagmar Lassander, heureuse grand-mère (mais passablement décatie), vit des jours paisibles à Rome.